Par Ivan (Mourad) Le terrible
Le 17 janvier 2005,
Cette réponse constitue une réaction à
l’article
« Que peut-on apprendre des révolutions des roses ? » ainsi qu’à
certains
échanges qui ont eu lieu sur le forum de Nawaat.org par la suite.
Toutefois, si je suis
d'accord avec une grande partie des analyses que contient l’article «
Que peut-on apprendre des révolutions des roses ? » surtout l'analyse
qui énonce, et que je partage totalement qu'elle soit pour le cas
tunisien, voir même dans le cadre de la cause palestinienne, que la
coïncidence des intérêts entre ceux des puissances occidentales avec
le régime dans le cas tunisien et de ceux des puissances occidentales
avec les trois révolutions roses citées a permit d’un côté à la
dictature tunisienne de se maintenir au pouvoir jusqu’aujourd’hui et
d’un autre côté dans le cas géorgien, ukrainien et serbe à
l’opposition de se débarrasser des systèmes totalitaires qui étaient
au pouvoir dans leur pays respectif. Ce qui veut dire, autrement pour
moi, que tant que l'opposition tunisienne ou les oppositions
tunisiennes n'arrivent pas d'un côté à faire coïncider leur intérêt
avec ceux des puissances occidentales en adoptant un discours, une
stratégie, une politique etc.. et d'un autre côté à infirmer la
prétendue coïncidence des intérêts des puissances occidentales avec
ceux du régime tunisien, cette opposition ou ces oppositions ne
pourront jamais renverser la dictature actuelle.
Ce point précis et ses conséquences, m'emmènent à pointer sur ce qui
m’apparu comme une contradiction principale dans l'analyse de
l'auteur, celle-ci est due à mon avis à un blocage récurrent chez
beaucoup de personnes qui ne veulent pas voir l'autre, « l’étranger »,
« s'immiscer » dans nos affaires nationales au nom d'un certain
nationalisme, d'une certaine souveraineté et d'une certaine culture
arabo-musulmane alors que d’un côté cet « étranger » « s’immisce »
déjà en soutenant le régime en place, alors pourquoi ne pas
l’instrumentaliser pour soutenir l’opposition. D’un autre côté, dans
un monde d’interdépendance totale je ne vois pas comment un petit pays
comme la Tunisie peut se prémunir des interférences de son
environnement et des politiques des puissances internationales alors
que ces mêmes puissances internationales avec tout ce qu’ils ont de
moyens ne peuvent s’isoler des interférences de leur environnement et
des politiques ou des idéologies des pays ou de groupe qui
comparativement à eux sont minuscules. L’ingérence ou l’immixtion ont
toujours existé et ils existeront toujours il faut dans notre cas
juste l’utiliser à profit pour se débarrasser de la dictature comme
ils l’ont fait les auteurs des révolutions roses.
Ainsi, C'est ce blocage là qui fait penser à Sami de pouvoir séparer
le soutien logistique, financier, politique et médiatique dont les
trois révolutions roses, serbe, géorgienne et ukrainienne des
expériences elles-mêmes alors que la logistique, la finance, les
médias et la communication font partie intégrante de ces expériences
et sans elles n'auront jamais pu exister afin de servir à certains de
cas d'étude ou de cas d'école. Parce que je ne vois pas comment on
peut parler d ‘ « approche technique plus que politique : optimisation
de l’organisation, diversification des moyens de communication, etc. »
sans logistique, finance, politique, médias étrangers. Aussi je ne
vois pas comment on peut parler de stratégie de communication et de
médias sans logistique, finance, politique, médias étrangers. Comme
s’est dit dans l’article en question, c’est que sans les fondations
Soros, sans l'implication des stratèges américains, militaires ou de
la CIA ces expériences n'auraient été rien d'autres que des coquilles
vides.
Je pense, pour finir sur ce point, que la réussite des ces révolutions
roses est due à la coïncidence des intérêts des puissances, américaine
dans ce cas précis, avec ceux des opposants à ces régimes et aussi à
l'énorme aide logistique, financière, politique et des médias
étrangers. Je pense que se sont les deux ingrédients de tout
changement de régime des temps modernes qu’ils se seraient produit
pendant la guerre froide ou qu’ils se produiraient aujourd’hui, que
ces régimes soient bleu, vert, rouge, marron, blanc ou noir c'est
toujours la même chose et se sont toujours les mêmes ingrédients, donc
arrêtons d'être des naïfs, les révolutions utopiques n'existent pas.
Je répète souvent les dires de Richard Nixon définissant la politique
étrangère américaine et que je pense expriment très bien une réalité
qui devrait être comprise par chacun de nous : « Nous n’avons
(les Etats-Unis) pas d’ennemis permanents et nous n’avons pas
d’amis permanents, nous avons seulement des intérêts permanents ».
C’est cette hypothèse de départ qui était bien comprise par les
acteurs des révolutions roses. Faire coïncider les intérêts américains
avec l’intérêt de l’opposition, qui consiste à abattre une dictature.
Ensuite établir une stratégie et la mettre en application et enfin
définir les moyens de mise en application de la stratégie précédemment
définie. Les peuples en soi, ils étaient comme tous les peuples vivant
sous une oppression, mûrs pour le changement, mais ceci le peuple ne
peut jamais le faire tout seul, ceci est l’affaire de l’opposition ou
de l’élite, ceci est une constante dans l’histoire. Ce peuple qui va
se dresser comme un seul homme contre son oppresseur est une illusion,
ce peuple qui va prendre conscience tout seul de ce qui lui arrive est
aussi une chimère.
Cette élite et cette opposition géorgienne, ukrainienne ou serbe a su
adapter la bonne méthode et s’est donnée les moyens pour aboutir. La
question que je me pose est la suivante : Est-ce que les auteurs des
révolutions roses, orange ou autres sont considérées comme des
traîtres, des harkis, des agents du colonialisme ou de l’impérialisme
sioniste d’un côté par leurs pairs et concitoyens et d’un autre côté
par tous ceux qui sont fascinés par ces cas d’école ? Toi Sami ou
d’autres, considères-tu les auteurs de ces révolutions comme des
traîtres, des harkis, des agents du colonialisme ou de l’impérialisme
sionisme ? On peut même faire un sondage sur cette question parce que
la réponse pourrait être plus que primordiale dans notre combat contre
la dictature.
A cette question précise les Ukrainiens, les Géorgiens, les Serbes et
d’autres aussi ont répondu non dans leur majorité parce qu’ils ont
suivi et ils ont adhéré avec les auteurs de ces révolutions à leur
projet de destituer une dictature. Bon, dans ces cas précis ce n’était
pas vraiment difficile puisqu’on sait depuis des décennies que les
miséreux de l’Est communiste rêvaient des richards de l’Ouest libéral
ou capitaliste et qu’il n’y a pas de différence culturo-religieuse ou
utopie révolutionnaire à défendre. L’utopie révolutionnaire
marxiste/communiste s’est effondrée par elle-même économiquement et la
différence culturo-religieuse entre ses deux parties du monde, au
dépend de leur passé de guerre froide, est en réalité très minime.
[Est-ce que les Ukrainiens, les Géorgiens, les Serbes et d’autres ont
baissé leur pantalon ?? Bien évidemment que non, voire même l’inverse
puisqu’ils n’ont pas accepté de rester indéfiniment le pantalon baissé
devant leur bourreau, ce qui est schématiquement le cas de toutes les
populations arabes qui vivent depuis des décennies sous différentes
dictatures ].
Que répondraient-ils les Tunisiens à cette question précise alors que
beaucoup de choses nous séparent, nous Tunisiens, de la pièce
maîtresse des révolutions roses, qui n’est rien d’autre que le soutien
financier, logistique et médiatique américain ??
Sami répond que ce n’est pas à lui de juger si les auteurs de ses
révolutions sont des traîtres, des harkis,.. Mais que dans son cas
personnel c’est au seul critère de la pratique et des résultats
auxquels il fait appel pour juger s’ils sont des traîtres ou non. Ceci
veut-il dire que la fin justifie les moyens ?? Mais encore, en
s’appuyant sur la situation irakienne, il faut juger les acteurs
politiques irakiens à la lumière de leurs actes et de leurs politiques
à partir d’une réalité qui parle mieux que tous ces discours
démagogiques de (Janjaouides, collabos, sionistes, néo-harkis,
terroristes, réactionnaires, démocrates, intégristes, etc..).
Je partage totalement les dires de Sami relatif à ce dernier point
mais je vais prendre comme exemple pour l’illustrer autrement : la
visite qu’a effectuée Moncef Marzouki auprès de l’ambassadeur
américain à Tunis, et les réactions passionnées et démesurées qu’elle
a entraîné de la part des uns et des autres obligeant le CPR de
rétorquer à chaud afin de minimiser la portée de celle-ci, et d’autres
situations internationales.
Qui est-ce le démagogue et le populiste espérant un jour être à la
tête d’un pays comme la Tunisie et qui peut se passer d’entrevues avec
l’ambassadeur américain ou les officiels américains ? De même qu’avec
des officiels français, italiens, russes, algériens, voir saoudiens ou
koweïtiens ? Qui est-ce le démagogue et le populiste espérant un jour
être à la tête d’un pays comme la Tunisie et qui peut penser pouvoir
couper les ponts avec les Américains et se passer complètement d’eux ?
S’il faut applaudir et soutenir le pragmatisme politique dans le cas
irakien qui sait comment réussir et comment encaisser des points au
dépend de l’occupant alors je pense qu’il faut aussi siffler et
démentir la démagogie politique et le populisme.
Prenant aussi le cas libyen et ce pauvre Kadhafi, hier héros de la
cause arabe devenu aujourd’hui, dans la bouche des mêmes personnes, un
traître américano-sioniste. Qu’est-ce qui est le mieux pour les
intérêts des libyens et de la Libye, un embargo ou une normalisation
avec les puissances occidentales ? Le pragmatisme politique et
l’intérêt de la Libye voudraient une normalisation avec les puissances
occidentales pourquoi vouloir continuer à s’entêter. Oui c’est vrai
que Kadhafi a plus normalisé ses relations pour sauver sa peau en
premier que de penser vraiment aux intérêts des libyens. Mais voilà
que les intérêts du peuple, du régime et des américains coïncident, au
nom de quelle cause et pour quelle raison devrait-on voir dans cette
décision particulière de Kadhafi une trahison ?
Appliquant ces mêmes critères de la pratique politique et des
résultats obtenus dans une situation réelle afin de juger si un tel ou
tel acteur politique défend pou non réellement les intérêts de son
pays et poussons la provocation encore un peu plus loin et évoquant le
cas palestinien. Enfin de compte, Arafat n’est-il pas un néo-harki et
un agent de l’impérialisme sioniste, même si durant toute sa vie il a
combattu l’entité israélienne ? Quel résultat Arafat a-t-il légué aux
palestiniens après tant d’années de pratiques politiques ? Je pense
qu’on peut tous s’accorder sur le fait que l’occupation actuelle est
plus que catastrophique pour les Palestiniens qu’elle ne l’était par
exemple avant 1967 et ceci est le résultat intrinsèque de l’action
politique d’Arafat. Alors qu’aux yeux de la majorité des arabes le
traître à la cause palestinienne était Bourguiba parce qu’il était le
seul, parmi des rares, qui parlait de pragmatisme politique.
Aujourd’hui les traîtres sont ceux qui ont signé le traité d’Oslo, les
traîtres sont ceux qui s’accrochent à la feuille de route, le traître
et le néo-harki c’est Abbas, le traître c’est Sadate, les traîtres se
sont les pays qui vont normaliser leur relation avec Israël et ainsi
de suite…..
Aujourd’hui, généralement dans le monde arabe les traîtres sont les
pragmatiques et les défenseurs de la cause arabe sont les populistes.
Il ne faut pas se le cacher ou se voiler la face, nous Arabes nous
sommes formatés depuis belle lurette pour applaudir les populistes et
c’est la cause principale de notre malheur. D’ou l’importance, au
moins dans un premier lieu d’une opposition majoritairement
technocrates pour ne pas dire une opposition de technocrates
imperméables à toute forme de populisme pour espérer nous débarrasser
de nos dictatures.
Revenons à nos moutons ukrainiens, géorgiens, serbes et autres qui se
battaient pour améliorer leurs situations sociales et économiques et
qui pour cela ils se battaient surtout pour leur liberté. Il ne faut
pas oublier que les auteurs de ces révolutions voulaient se
débarrasser des vestiges du communisme pour accéder à une démocratie
libérale et finir par adhérer à l’Union Européenne. Nous les
Tunisiens, nous les Arabes, nous nous battons pourquoi au fait ?
Contre une dictature ou pour la démocratie ? Pour une liberté
individuelle ou une égalité collective ? Pour une religion ou pour une
culture ? Pour une utopie révolutionnaire ou pour une démocratie
libérale ? Pour un panarabisme ou pour une Oumma ? Pour une société
laïque ou une république théocratique ? Etc.… on peut démultiplier
encore les questions, les antagonismes, les contradictions qui ne
caractérisent pas les sociétés et les opposants de ces sociétés dans
lesquelles ont eu ces révolutions roses mais qui caractérisent nos
sociétés et nos opposants parce que pour décider sur le comment faire,
il faut au moins avoir un but et savoir ce qu’on veut et pourquoi on
se bat, ceci afin de définir la stratégie, finance, communication,
médias, etc.….
Les dires de Richard Nixon sont en réalité une devise de toute
politique étrangère et ceci n’est pas le propre des Américains, mais
aussi des Anglais, des Français, des Chinois, des Russes, etc.… ou
chaque pays défend ses intérêts parfois au dépens des amis et en se
joignant aux ennemis. Pour moi ce qui est valable pour ces puissances
l’est aussi pour les autres pays. Chaque pays doit défendre ses
propres intérêts. C’est pour moi une évidence, un axiome de base. La
politique étrangère, avec son lobbying, n’est rien d’autres qu’une
théorie de jeu dynamique aboutissant selon les stratégies adoptées à
des conflits ou à des négociations selon les intérêts des acteurs en
place. C’est ainsi qu’il faut lire les actions du régime tunisien
qu’il soit des libérations des prisonniers politiques, quel prisonnier
politique à libérer ? Quand ? Comment jouer au mieux et faire jouer au
mieux la concurrence commerciale entre la France et l’Italie pour
l’intérêt du régime en place ? Comment jouer France2 contre la RAI1 ?
Comment amadouer la Libye pour attirer les faveurs des américains ?
etc.… Le régime joue au niveau de la politique étrangère la devise de
Richard Nixon pour ses intérêts. Bon, ici il ne s’agit pas forcément
des intérêts du pays mais plutôt des intérêts propres. Ce que je veux
dire par cela, c’est qu’appliquer cette devise n’est pas le propre des
américains mais plutôt à adopter par chacun lorsqu’il s’agit des
intérêts de son propre pays. D’un côté, le propre de la théorie de jeu
et d’un autre côté, le propre des relations internationales c’est que
nos intérêts ne vont pas coïncider tout le temps avec les mêmes
acteurs.
Peut-on être un démocrate et servir en même temps les intérêts de
notre pays et ceux des puissances qui nous ont aidées ? Premièrement,
je dirais que ceci n’a rien à voir avec la démocratie. Deuxièmement,
faire coïncider nos intérêts avec ceux des autres pour le bien de
notre pays est noble et juste en soi, ce qui ne l’est pas c’est de
faire coïncider nos intérêts avec ceux des autres pour le bien et le
maintien d’un régime ce qui est le cas maintenant et qui ne pourrait
jamais être le cas sous un régime démocratique. Ce n’est quand même
pas un hasard que tous les leaders politiques en général, il y a eu et
il y a des exceptions, d’une démocratie jouent l’intérêt de leur pays
et que ceux d’une dictature jouent l’intérêt de leur régime en place
et leur maintient au pouvoir. Pouvoir coïncider les intérêts de notre
pays avec ceux des puissances est une nécessité et une réalité dans un
monde de totale interdépendance mais c’est à chaque leader politique
de penser en premier lieu à son pays et non pas à son régime, ce qui
sera forcément le cas sous une démocratie. Dans un monde de dépendance
et d’échange, faire coïncider les intérêts d’un pays avec ceux des
autres n’est rien d’autre qu’un contrat entre acheteur et vendeur et
il n’est possible que si chacune des contreparties trouve un réel
intérêt pour « l’échange » ( ce qui est dans notre cas le soutien
politique, financier, logistique, .…). Un vendeur ou un acheteur qui
n’est pas satisfait des termes de l’échange peut toujours se retourner
vers d’autres vendeurs ou d’autres acheteurs. Ce qui veut dire qu’on
n’est pas obligé ou qu’un pays n’est pas obligé pour ses intérêts à
avoir à faire avec les mêmes puissances. Juste j’attire ici
l’attention sur un point important relatif à l’histoire propre d’un
pays. Par exemple, la Tunisie est ancrée dans la Méditerranée et était
une colonie française, juste c’est deux paramètres constituent une
contrainte. Par-là je veux dire qu’il n’est pas aussi simple et facile
de faire coïncider les intérêts de la Tunisie avec la France ou
l’Italie que de faire coïncider c’est même intérêts avec l’Inde (déjà
d’un point de vue commerciale ceci pose beaucoup de problèmes). Sami
s’adresse à notre mémoire pour nous rappeler les cas des pressions
françaises pour amener la Tunisie à rester dans le souk de Peugeot et
Renault au dépend des voitures japonaises Isuzu mais il oublie de nous
signaler que les pressions françaises ne sont dues réellement qu’à
l’emprunt accordé par la même France à la Tunisie. La France n’a pas
accordé un prêt à la Tunisie pour le bien-être de l’économie
japonaise, la France défendait ses intérêts et c’est normal. C’est la
Tunisie qui n’a pas défendu ses intérêts dans ce cas là parce si elle
savait qu’elle allait acheter des voitures japonaises elle aurait dû
demander un prêt au japonais ou de corréler cet emprunt français d’une
quelconque réciprocité ou au lieu de s’adresser à un pays elle aurait
dû s’adresser à un pool de pays, etc…. Techniquement, il y avait
possibilité de faire quelque chose mais peut-être aussi que la Tunisie
était prise à la gorge et que les Japonais ne l’auraient pas forcément
accordé l’emprunt demandé.
Pour ce qui est du fait de démontrer de quelle manière et sous quelle
forme nos intérêts peuvent coïncider avec ceux des puissances
occidentales, je dirais que ceci ne peut pas se faire d’une manière
cavalière et individuelle mais plutôt d’une façon pensée et débattue.
Aussi, je pense que pour commencer, il faut qu’on sache nous même
pourquoi on se bat, c’est quoi notre but dans tout cela. Deuxièmement,
l’article de Abderahmane Hamida « Monde arabe, démocratisation ou
disparition » posté par Mokhtar Yahyaoui sur le forum de Nawaat évoque
une piste pour faire coïncider les intérêts des oppositions arabes de
destituer leur dictateur avec ceux des intérêts des puissances
occidentales, ceci de points de vue économique, politique, etc.… et
qui peuvent être développés, travaillés et analysés en profondeur.
D'ailleurs, une chose très importante à propos des intérêts des
puissances occidentales, pour moi il est essentiel de prendre ces
mêmes puissances dans leur propre jeu et règles. Sami évoque l’écart
entre les actes et les dires des Américains, et à juste titre, dans le
domaine de la libéralisation et la privatisation d’un côté et du
protectionnisme économique d’un autre côté en évoquant les crises qui
ont eu lieu entre les USA et l’Union Européenne, les USA et la Chine,
etc…mais il faut signaler que l’UE, la Chine, le Japon et d’autres
n’ont pu répondre économiquement aux américains que parce qu’ils
maîtrisent les règles de jeu et qu’ils jouent les mêmes règles. Aussi,
parce qu’ils ont demandé l’arbitrage de l’OMC au nom de la
libéralisation et la privatisation, etc.…. Et là on a besoin des
technocrates qui maîtrisent les règles des jeux et non pas de
politiques.
Même dans le cas de ces révolutions roses, on a vu qu’on a à faire à
des professionnels des révolutions non-violentes, des technocrates des
révolutions, qui comme les technocrates du FMI, Banque Mondiale ou OMC,
ont appris les règles des jeux et parlent le même langage, ils étaient
même formés par ces mêmes technocrates qui défendent les intérêts des
puissances. C’est en connaissant le langage des technocrates et leurs
techniques qu’ils défendront au mieux les intérêts de leurs
concitoyens.
Je suis convaincu d’une chose c’est que les puissances occidentales
peuvent être « battue » en les prenant au mot et en poussant leurs
techniques de communication, la libéralisation et la privatisation à
leurs limites, demander la libéralisation avant qu’ils ne la demandent
et sur des secteurs qu’ils subventionnent ou protègent parce que c’est
en basant sur les principes mêmes du libéralisme que nous pourrons
contrecarrer certains monopoles et les duopoles qui caractérisent
certaines puissances occidentales. C’est au nom du libéralisme que la
Chine a adhéré à l’OMC pour accroître ses parts de marché dans des
secteurs qui lui sont porteurs de plus-value. C’est au nom du
libéralisme que du temps et de l’aide ont été accordés à certains
pays, tel que la Tunisie, pour s’adapter à cette nouvelle concurrence
chinoise. Aujourd’hui, si un pan du textile tunisien est menacé ceci
incombe en premier lieu à l’état tunisien et en deuxième lieu aux
patrons et industriels du textile qui n’ont pas profité du temps et de
l’aide accorder pour se préparer, ceci n’est nullement la faute de l’OMC
ou du libéralisme.
Dieu merci qu’en Tunisie on n’a plus de politique mais juste un
résiduel de pseudo-politique accroché à une vision du monde évolué et
des méthodes politiques datant des années 60. Ces pseudos-politiques
n’ont pas pu se débarrasser de la dictature et ils ne réussiront
jamais à le faire.
Les conclusions que je tire de l’article de Sami et les récents
événements en Ukraine et les réactions qu’ils ont engendrées sont les
suivantes :
Je suis étonné de la facilité et de la naïveté avec la quelle nos
pseudos-politiques ont essayé de nous vendre le cas ukrainien, ceci
sans le moindre discernement et sans la moindre analyse. Les
Ukrainiens l’ont fait pourquoi pas les Tunisiens, il ne manquait que
le « Just do it ! ». Au moins le cercle des anonymes a le mérite
d’analyser, de penser, de débattre avant de se lancer dans des
comparaisons hâtives.
Les révolutions des roses sont le fait des techniciens et des
technocrates. Le régime tunisien se maintient grâce à des techniciens
et à des technocrates. Serait-il possible aujourd’hui de voir émerger
une opposition de technocrates tunisiens qui aborderaient la question
du changement de régime tel qu’un produit de consommation qu’il faut
vendre aux tunisiens, le faire acheter par les Tunisiens. Et que pour
cela il faut effectuer des études de marché, faire du marketing,
définir un business plan, chercher les moyens de financement et
trouver le slogan que chacun associera à ce produit de consommation,
qui n’est rien d’autre que « se débarrasser de la dictature », à
l’instar du slogan véhiculé par tous les Tunisiens « Virgin green,
Oushroub in »